samedi 2 juillet 2016

Cet ouvrage solide mérite la plus grande attention


Cet ouvrage solide mérite la plus grande attention


Alliant les approches philosophiques et théologiques, et recourant à des maitres incontestés ainsi qu’au magistère pontifical d’hier et d’aujourd’hui, l’auteur entend rétablir la juste définition du rapport entre les deux pouvoirs, ceci pour garantir le bien commun.

Libanais et catholique, Carlos Hage-Chahine propose ici une étude très érudite sur un sujet habituellement traité de manière trop superficielle, trop sociologique ou trop juridique, ce qui peut alors engendrer des interprétations fallacieuses et des manipulations. Alliant les approches philosophiques et théologiques, et recourant à des maîtres incontestés (Aristote, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, Charles Journet, Gustave Thibon, Jean Madiran, Marcel De Corte, etc.) ainsi qu’au magistère pontifical d’hier et d’aujourd’hui (Benoît XVI), l’auteur entend donc rétablir la juste définition du rapport entre les deux pouvoirs, ceci pour garantir le bien commun.
Le lien entre le spirituel et le temporel repose sur la supériorité du premier sur le second, ce qui, dans le concret de l’exercice de chacun des deux pouvoirs, doit se traduire par « distinction » et non par « séparation ». Or, c’est cette dernière approche que propose la modernité européenne, notamment française, héritière de la Révolution qui a engendré le laïcisme. Cette déviation idéologique tend à dénier à l’Eglise le droit d’intervenir pour protéger la loi naturelle et à lui refuser toute collaboration avec l’Etat, au fond à privatiser la foi. Tout en rappelant que l’Eglise ne préconise aucune forme spécifique de gouvernement (cf. le Ralliement de Léon XIII), C. Hage-Chahine, auteur de conviction, regrette la soumission des instances officielles de l’épiscopat français à la « religion républicaine », évoquant au passage le défi de l’islam. Il fait également le point sur les rapports entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, sur l’égalitarisme qui supplante l’égalité authentique.
L’auteur n’oublie pas son pays, dont il justifie le système confessionnel malgré ses défauts, tout en déplorant la propension actuelle de ses compatriotes, notamment chrétiens, à imiter servilement les mœurs françaises. Cet ouvrage solide mérite la plus grande attention.

Annie Laurent