Cet
ouvrage solide mérite la plus grande attention
Alliant les approches
philosophiques et théologiques, et recourant à des maitres incontestés ainsi
qu’au magistère pontifical d’hier et d’aujourd’hui, l’auteur entend rétablir la
juste définition du rapport entre les deux pouvoirs, ceci pour garantir le bien
commun.
Libanais et catholique, Carlos
Hage-Chahine propose ici une étude très érudite sur un sujet habituellement
traité de manière trop superficielle, trop sociologique ou trop juridique, ce
qui peut alors engendrer des interprétations fallacieuses et des manipulations.
Alliant les approches philosophiques et théologiques, et recourant à des maîtres
incontestés (Aristote, saint Augustin et saint Thomas d’Aquin, Charles Journet,
Gustave Thibon, Jean Madiran, Marcel De Corte, etc.) ainsi qu’au magistère
pontifical d’hier et d’aujourd’hui (Benoît XVI), l’auteur entend donc rétablir
la juste définition du rapport entre les deux pouvoirs, ceci pour garantir le
bien commun.
Le lien entre le spirituel et le
temporel repose sur la supériorité du premier sur le second, ce qui, dans le
concret de l’exercice de chacun des deux pouvoirs, doit se traduire par « distinction »
et non par « séparation ». Or, c’est cette dernière approche que
propose la modernité européenne, notamment française, héritière de la Révolution
qui a engendré le laïcisme. Cette déviation idéologique tend à dénier à l’Eglise
le droit d’intervenir pour protéger la loi naturelle et à lui refuser toute
collaboration avec l’Etat, au fond à privatiser la foi. Tout en rappelant que l’Eglise
ne préconise aucune forme spécifique de gouvernement (cf. le Ralliement de Léon
XIII), C. Hage-Chahine, auteur de conviction, regrette la soumission des
instances officielles de l’épiscopat français à la « religion républicaine »,
évoquant au passage le défi de l’islam. Il fait également le point sur les
rapports entre l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, sur l’égalitarisme qui
supplante l’égalité authentique.
L’auteur n’oublie pas son pays, dont il
justifie le système confessionnel malgré ses défauts, tout en déplorant la
propension actuelle de ses compatriotes, notamment chrétiens, à imiter
servilement les mœurs françaises. Cet ouvrage solide mérite la plus grande
attention.
Annie Laurent